- mienne
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mien, mienneadj. et Pron. poss. de la 1re pers. du Sing.rI./r adj. poss. Litt. Qui est à moi, qui m'appartient; de moi. Un mien ami.|| (Attribut.) Cette maison est mienne.— Je fais mienne cette proposition.d1./d Ce qui est mien. Ta fille et la mienne.— Ce livre est le mien.|| Vos conditions seront les miennes: j'accepterai les conditions mêmes que vous proposerez.d2./d n. m. Le mien: ce qui m'appartient. Le tien et le mien.|| Fig. J'y mettais du mien, de ma personne, de mes capacités, de la bonne volonté.|| Les miens: mes proches, mes parents.ÉTYM. 1080; 842, Serments de Strasbourg, meon; du lat. meum, accusatif de meus (→ Mon); mienne (V. 1340) a évincé l'anc. franç. meie, moie, du lat. mea, fém. de meus.❖♦ Qui est à moi, m'appartient; qui se rapporte à moi.REM. Comme tous les adjectifs et pronoms dits « possessifs », mien, le mien etc. peut marquer un simple rapport personnel; il équivaut alors au complément déterminatif « de moi ».———I Adj. poss.1 Vx ou littér. (En fonction d'épithète). ⇒ Moi (à moi, de moi). — Précédé d'un déterminatif (article démonstratif ou indéfini). || Un mien cousin : un cousin à moi, un de mes cousins. || J'ai vu chez moi un mien ami (→ Jargon, cit. 4, Montaigne).1 (Sa fille) a mis un mien papier en morceaux (…)Racine, les Plaideurs, II, 5.2 (…) Un mien cousin, César,Comte de Garofa, près de Velalcazar.Hugo, Ruy Blas, I, 5.3 (…) je pensais maintenant comme à un inestimable avantage, que de cette mienne vie trop connue, dédaignée, Gilberte pourrait devenir un jour l'humble servante (…)Proust, À la recherche du temps perdu, t. II, p. 258.♦ (Placé après le nom). Littéraire :4 Je prenais ma part des plaisirs de la journée commençante; le désir arbitraire — la velléité capricieuse et purement mienne — de les goûter n'eût pas suffi à les mettre à portée de moi (…)Proust, À la recherche du temps perdu, t. XI, p. 29.5 Il ne me gêne plus (Valéry) j'ai fait mon œuvre sur un plan différent du sien — que je comprends trop bien et admire trop pour ne point admettre que cette œuvre mienne ne puisse figurer dans son système et n'ait pas de valeur à ses yeux.Gide, Journal, 5 mai 1942.♦ Vx, ou archaïsme stylistique. En emploi pronominal (ou quasi nominal) avec l'adj. possessif de forme atone mon, ma, et un adjectif antéposé, dans le langage de l'affectivité.6 C'est la raison pour laquelle je ne t'ai pas parlé, ma pauvre mienne.Paul Bourget, la Geôle, IX.7 Oh ! ma douce mienne (…)J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XV, XXII, p. 265.2 (En fonction d'attribut). Littér. ou régional. || Ce livre est mien, m'appartient, est à moi. || Cette terre est mienne (→ Établir, cit. 18). || Je fais (cit. 137) mien tout votre passé. || Il n'est pas à moi, mais je le considère comme mien. || Des protestations que je fais miennes, que je prends à mon compte en m'y associant. — Spécialt. (Dans le langage amoureux). || Sois mienne : appartiens-moi.8 Si j'ai comptant un beau cheval payéIl m'est permis de dire qu'il est mien (…)Clément Marot, Épigrammes, CLXXVI.9 Mon imitation n'est point un esclavage :Je ne prends que l'idée, et les tours, et les lois,Que nos maîtres suivaient eux-mêmes autrefois.Si d'ailleurs quelque endroit plein chez eux d'excellencePeut entrer dans mes vers sans nulle violence,Je l'y transporte, et veux qu'il n'ait rien d'affecté,Tâchant de rendre mien cet air d'antiquité.La Fontaine, Pièces diverses, IV, À Mgr l'Évêque de Soissons.10 Horace ou Despréaux l'a dit avant vous. — Je le crois sur votre parole; mais je l'ai dit comme mien.La Bruyère, les Caractères, I, 69.11 Les chères mains qui furent miennes,Toutes petites, toutes belles (…)Verlaine, « Sagesse », I, XVII.12 Je prenais une tendre blonde dans mes bras et la faisais mienne en pleurant.Giraudoux, Siegfried et le Limousin, V, p. 152.13 Je me grisais (…) de toutes ces paroles qui n'étaient pas miennes, mais me tombaient pourtant des lèvres.G. Duhamel, Salavin, I, XVI.14 Je n'ai rien de mien à défendre. Je n'ai aucun droit.J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. VI, XXII, p. 198.———II Pron. poss. Cour. || Le mien, la mienne, les miens, les miennes, pour désigner avec précision l'objet ou l'être lié à la première personne par un rapport de parenté, de possession, etc. || Votre fils et le mien. || Voici le mien, un des miens. || Ses idées diffèrent des miennes. || Son visage était près du mien, tourné vers le mien (→ Imbiber, cit. 8). || Ils comparent (cit. 5) leur profession à la mienne. || Une nature plus imaginative (cit. 1) que la mienne. || Votre caractère ressemble au mien. || « Ton premier coup d'épée égale tous les miens » (Corneille, → Atteindre, cit. 26). || Les préoccupations de tous et les miennes propres, celles qui me sont particulières, que je ne partage pas avec d'autres. — (Avec un numéral cardinal). || Leurs enfants et les deux miens parlent ensemble.15 (…) La main des Parques blêmesDe vos jours et des miens se joue également.La Fontaine, Fables, XI, 8.16 (…) je pris sa main que je serrai dans une des miennes (…)Laclos, les Liaisons dangereuses, XXV.17 Préoccupé du bien public autant ou plus que du mien propre.18 Les femmes, c'est pourtant pas ça qui manque. Moi, quand je suis revenu de la guerre, on m'a dit que la mienne s'était barrée (…)A. Maurois, B. Quesnay, X.REM. 1. Dans la langue moderne, on évite de faire représenter par le mien, la mienne, etc., un substantif qui n'est pas accompagné d'un article défini ou d'un adjectif déterminatif. Elle est fille du marquis et la mienne (→ Fruit, cit. 29); on dirait aujourd'hui : fille du marquis et de moi.19 (…) elle se laissa tomber à genoux et elle appuya sa tête sur les miens, en cachant son visage de mes mains.Abbé Prévost, Manon Lescaut, II, p. 158.2. Le mien, la mienne, etc., peut représenter un nom qui n'a pas encore été énoncé, à condition que le rapport soit clair.20 On a tort, monsieur, de prononcer à côté du mien le nom de Mme de Fleurel.Maupassant, l'Inutile Beauté, « L'infirme ».21 Je me retournai pour voir presque contre le mien son visage; un visage gonflé, congestionné (…)Gide, Isabelle, V.♦ (Attribut). || Ce livre n'est pas le mien, c'est celui d'un ami. — (En parlant de ce qu'on a en commun, de ce qu'on adopte). || Vos idées sont les miennes sur ce sujet, les mêmes que les miennes. || Leur décision sera la mienne. || Tous ses intérêts sont les miens (→ Chaîne, cit. 22). || Je ne discute pas, votre prix sera le mien.22 Chez les Malet, je n'étais pas heureux; le climat n'était pas le mien.A. Maurois, Climats, I, VII.———III N.1 Le mien (toujours au masc. sing.). Ce qui est à moi, mon bien, ma propriété. — Vx. || Je ne demande que le mien (Académie), ce qui me revient de droit, mon dû. — Vieilli ou littér. || Ne confondons pas le tien et le mien, ce qui t'appartient et ce qui m'appartient (→ Gâter, cit. 44).23 Ici tout est à tous; et tu nous as prêché je ne sais quelle distinction du tien et du mien.Diderot, Suppl. au voyage de Bougainville, II.2 Du mien, en emploi partitif (après mettre, ajouter…). De ma personne, de mon fonds, de mes ressources… ⇒ Sien (mettre du). || J'ai repris son idée, mais en y ajoutant du mien (→ Extraire, cit. 5). || Nous avons pu renflouer l'affaire, mais j'y ai mis beaucoup du mien, de mon argent, de mon travail.24 Tout ce qui sera d'elle (la nature) sera vrai; il n'y aura de faux que ce que j'y aurai mêlé du mien sans le vouloir.Rousseau, De l'inégalité parmi les hommes, Discours.♦ Rare. || J'ai fait des miennes (en parlant de fredaines habituelles). ⇒ Sien (faire des siennes, cour.).3 Les miens (toujours au masc. plur.). Mes parents, mes amis, mes partisans… ⇒ Sien(s). || Je te remercie de l'intérêt (cit. 23) que tu portes aux miens. || Je réponds des miens (→ Indiscrétion, cit. 12). || Dans le sein des miens (→ État, cit. 78). || J'ai rompu avec les miens.25 Mais j'ai les miens, la cour, le peuple à contenter.La Fontaine, Fables, III, 1.26 — Oui ou non, es-tu des nôtres ? — Je suis des vôtres, si vous êtes des miens (…)A. de Musset, Fantasio, I, 2.27 Je ne dois pas craindre de survivre aux miens tant qu'il y aura des hommes sur la terre, car il en est toujours qu'on peut aimer.France, le Crime de S. Bonnard, Œ., t. II, IV, p. 372.
Encyclopédie Universelle. 2012.